8 novembre 2010, LONDRES - Des chercheurs canadiens ont réussi à reprogrammer des cellules de peau pour donner plusieurs lignées de cellules sanguines, sans passer par l'étape des cellules souches pluripotentes, dans une expérience qui pourrait avoir des applications cliniques larges dans l'avenir.
"Compte tenu du rendement, de la capacité d'expansion et de la faisabilité clinique de cette approche de conversion directe en cellules hématopoïétiques, notre technique pourrait fournir une base raisonnable pour des thérapies substitutives avec des cellules autologues", estiment Eva Szabo et ses collègues de l'université McMaster à Hamilton (Ontario).
La découverte il y a trois ans de la possibilité de faire dédifférencier des fibroblastes de la peau pour qu'ils redeviennent des cellules souches pluripotentes (induced pluripotent stem cells -iPS) capables ensuite de se redifférencier en différents types cellulaires a soulevé des espoirs. Mais ce processus reste complexe.
Plus récemment, différentes études ont suggéré qu'il serait possible, sans même passer par le stade des cellules iPS, de reprogrammer des fibroblastes en d'autres types cellulaires. Cela a été montré notamment en obtenant des neurones et des cellules cardiaques.
Dans leur étude, les chercheurs canadiens ont réussi à obtenir non pas un type cellulaire mais toute une série de cellules sanguines.
Alors que la transformation de cellules de peau en cellules pluripotentes nécessite l'introduction de deux à quatre gènes, les chercheurs ont montré qu'en introduisant un seul de ces quatre gènes, OCT4, on faisait apparaître sur ces cellules l'antigène CD45 qui est un marqueur de toutes les cellules hématopoïétiques.
En ajoutant des cytokines, ils ont obtenu selon les cytokines utilisées des monocytes, des granulocytes, des mégacaryocytes (cellules qui produisent les plaquettes) ou des globules rouges.
Les chercheurs ont également montré lors de la greffe de ces cellules à souris qu'il n'y avait pas de potentiel leucémique.
Ils précisent dans un communiqué qu'ils ont pu effectuer avec succès ce processus de reprogrammation "plusieurs fois durant deux ans en utilisant de la peau humaine venant aussi bien de personnes jeunes qu'âgées, pour prouver que cela marche à tout âge".
Ces résultats "suggèrent une approche alternative pour la reprogrammation cellulaire pour des thérapies de substitution cellulaire autologue qui éviterait les complications associées à l'utilisation de cellules souches pluripotentes", concluent les chercheurs.
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