Les sauts technologiques en médecine, un parcours d'obstacles

Samedi 29 Janvier 2011

Les sauts technologiques en médecine, un parcours d'obstacles
27 janv.2011-PARIS,

Le contexte réglementaire actuel ne permettrait plus les grandes innovations réalisées par le passé en médecine, ont déploré jeudi des pionniers comme René Frydman ou Philippe Menasché lors d'une audition publique de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques(Opecst).

Il serait impossible aujourd'hui de réaliser des premières médicales comme la transplantation du cœur ou la conception du bébé éprouvette Amandine, ont estimé les chercheurs, dénonçant en particulier le poids du principe de précaution.

"Il y a une discordance entre l'adhésion des patients et les freins réglementaires", a affirmé le Pr Menasché (hôpital Georges Pompidou, Paris), qui prépare un essai de thérapie cellulaire pour l'insuffisance cardiaque à partir de cellules souches embryonnaires, le premier essai clinique de ce type en France.

Le cardiologue a cité les contraintes de l'expérimentation animale, "proches du délire", avec par exemple "un coût de 170 euros par mètre carré pour pouvoir héberger des souris dans des conditions qui satisfont aux dispositions réglementaires".

Mais le Pr Menasché a aussi reconnu devoir faire face à des "freins expérimentaux", pointant les limites des modèles animaux, et à des "freins techniques" liés au caractère novateur de la thérapie cellulaire.

"Nous sommes entrés dans une folie très française qui s'appelle le principe de précaution", a dénoncé de son côté le Pr Jean de Kervasdoué (Conservatoire national des Arts et Métiers), tandis que le Pr Frydman pointait "le maquis dans lequel il faut entrer pour faire quelque chose".

Le spécialiste de la fécondation in vitro, "père" médical d'Amandine et plus récemment des premiers enfants nés en France après congélation d'ovocytes, a regretté "l'empilement" des étapes administratives successives auxquelles doivent sacrifier les chercheurs pour valider leurs protocoles de recherche, qui retardent leurs travaux de plusieurs années.

Lui-même s'est heurté à l'impossibilité d'utiliser la vitrification (technique de congélation d'ovocytes utilisant une vitesse de refroidissement très élevée).

Pour Jean Marimbert, futur ex-directeur de l'Agence des produits de santé (Afssaps), les obstacles en la matière ne sont pas de nature administrative, mais viennent "d'une interprétation restrictive" de la loi, en l'occurrence l'interdiction de conception d'embryons à des fins de recherche. La situation devrait évoluer à la faveur de la révision des lois de bioéthique.

Dans un tout autre domaine, la neurostimulation implantée, ou stimulation électrique du cerveau, utilisée pour traiter la maladie de Parkinson, le psychiatre Luc Mallet (Institut du cerveau et de la moelle épinière)a raconté son parcours du combattant pour obtenir l'autorisation de travailler sur des patients atteints de troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

Marina Cavazzana-Calvo, qui conduit 4 essais de thérapie génique à l'hôpital Necker, a expliqué quant à elle être retournée, à la faveur d'un congé sabbatique, dans son pays d'origine, l'Italie, où elle a "monté deux projets cliniques en 3 mois".

Le Dr Cavazzana-Calvo et le Pr Alain Fischer viennent cependant de recevoir l'autorisation de reprendre à Necker, avec des techniques améliorées, un essai clinique de thérapie génique du déficit immunitaire combiné sévère lié au chromosome X (les "bébés-bulles"), suspendu en 2002 après la survenue de plusieurs cas de leucémies chez les malades traités. Les premiers patients ont été inclus en janvier.

Partagez sur les réseaux sociaux

Catégories

Autres publications pouvant vous intéresser :

Commentaires :

Laisser un commentaire
Aucun commentaire n'a été laissé pour le moment... Soyez le premier !
 



Créer un site
Créer un site