Greffe hépatique : un foie sauve deux vies
Assistance Publique - Hôpitaux de Paris
jeudi 07 avril 2011.
Une équipe de transplantation hépatique de l’AP-HP réalise avec succès à l’hôpital Saint-Antoine un « split » hépatique in situ (division d’un foie « in vivo » en 2 demi-foies) pour greffer deux patients adultes du groupe sanguin rare AB.
Le 5 janvier 2011, à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) dans le service de chirurgie hépato-biliaire et de transplantation hépatique, deux patients adultes du groupe sanguin rare AB ont pu bénéficier simultanément d’un même greffon grâce à la séparation « in vivo » en 2 demi foies d’un foie entier prélevé chez un donneur en mort encéphalique, par le Pr Olivier Soubrane, le Dr Olivier Scatton et le Dr Fabiano Perdigao ainsi que leurs collaborateurs.
Cette technique dite du «split », mot anglais qui signifie diviser, consiste à partager un greffon hépatique en deux greffons partiels qui correspondent respectivement à la partie gauche (environ 1/3 du foie) et à sa partie droite. Elle est utilisée, dans l'immense majorité des cas, pour permettre une transplantation hépatique chez un enfant qui reçoit la partie gauche et un adulte qui reçoit la partie droite, le partage étant le plus souvent réalisé « ex vivo », après le prélèvement, car techniquement et logistiquement plus simple.
Les chirurgiens de l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) ont réalisé le partage du greffon directement chez un donneur décédé à l’hôpital Henri Mondor (AP-HP) et en collaboration avec les chirurgiens de cet hôpital (Pr Alexis Laurent). Ce partage du foie chez un donneur décédé nécessite un ensemble de conditions favorables et des équipes chirurgicales très entraînées, puisqu’il prolonge l’intervention et ne peut s’envisager qu’avec l’accord de toutes les autres équipes de prélèvement. Cette technique assure une meilleure hémostase des vaisseaux, un raccourcissement de la période d’ischémie en réduisant la durée de conservation du foie. Elle offre par conséquent une qualité de greffons bien supérieure contribuant au succès de la greffe.
Cette bipartition des greffons hépatiques pour deux receveurs adultes a un intérêt certain, notamment en raison de la rareté des greffons, mais reste très peu employée du fait des difficultés techniques, notamment d’implantation du greffon gauche et des contraintes logistiques. En France, moins de 5 % des greffes sont réalisées avec une procédure de foie partagé. Cette avancée ouvre donc des perspectives nouvelles dans le domaine de la transplantation hépatique chez l’adulte alors que l’accessibilité à la greffe hépatique en France n’est que de 50% (sur 1900 malades inscrits au registre, on ne dénombre que 1000 greffes par an). Les progrès techniques du split pour deux adultes pourraient aussi avoir des conséquences favorables sur les greffes hépatiques effectuées à partir de donneurs vivants familiaux.
Les patients greffés sont en bonne santé.
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