Escherichia coli en Aquitaine: sur la piste de graines germées

Lundi 4 Juillet 2011

Escherichia coli en Aquitaine: sur la piste de graines germées 27-06-11

Les cas groupés d'infection à E.coli en Aquitaine sont dus à la même souche que celle qui a sévi en Allemagne et c'est également des graines germées qui l'auraient véhiculée. L'enquête se poursuit.

Sept personnes sont hospitalisées à Bordeaux, soignée pour un syndrome hémolytique et urémique (SHU) dû à une infection à Escherichia coli. La bactérie a été ingérée par les patients, très probablement en consommant des pousses de graines germées lors d’une kermesse dans un centre de loisirs de Bègles. L’un de ces patients est toujours dans un état sévère, en réanimation. L’état d’une femme âgée de 78 ans continue également à s’aggraver, cependant son cas pourrait être distinct, elle pourrait être victime d’une autre souche d’E. coli.

Les patients bénéficient d’un nouveau traitement pour le SHU, comme en Allemagne, l’eculizumab, commercialisé en France sous le nom de Soliris. Il s’agit d’un anticorps monoclonal mis au point pour soigner une maladie génétique qui a fait ses preuves sur quelques cas d’enfants atteints de SHU qui étaient dans un état très critique (lire les
explications du Dr Patrick Niaudet, néphrologue pédiatrique à l’hôpital Necker-Enfants malades à Paris). D’après le Pr Christian Combe, chef du service néphrologie au CHU de Bordeaux, l’efficacité du Soliris a été meilleure en France qu’en Allemagne, où il a été administré plus tardivement.

La souche O104:H4
Les analyses microbiologiques ont révélé que les patients hospitalisés à Bordeaux sont porteurs d’une souche d’E coli productrice de la toxine Shiga (qui provoque les symptômes sévères et le SHU) similaire à celle qui a été retrouvée en Allemagne, le sérotype O104 :H4. Jusqu’à ce qu’éclate l’épidémie dans le nord de l’Allemagne, qui a touché près de 3.000 personnes, cette souche n’avait provoqué que des cas isolés de toxi-infections alimentaires. Les souches d’E. coli productrices de shiga-toxines habituellement rencontrées dans les cas groupés, comme O157 :H7, adhère aux parois intestinales grâce à une protéine, l’intimine. O104 :H4 possède elle la particularité de former des agrégats ou amas, aptitude observée jusqu’à présent dans une autre famille d’E.coli qui ne produit pas de shiga-toxines.

La dose ingérée est déterminante
C’est l’enquête épidémiologique, basée sur les témoignages des patients, qui a permis de remonter la piste jusqu’au centre de loisirs de Bègles. Des graines germées ont été utilisées pour décorer des soupes. L’ingestion d’une petite quantité de graines germées peut conduire à une forte exposition aux bactéries, nous expliquait il y a quelques jours, François-Xavier Weill, responsable du Centre National de Référence des Escherichia coli et Shigelles à l’Institut Pasteur (Paris). La germination, à température et humidité élevée, est en effet très favorable au développement des bactéries.

Sur la piste anglaise
L’enquête sanitaire se poursuit pour mieux connaître les circonstances de cette nouvelle toxi-infection alimentaire, dont le périmètre semble heureusement limité à une dizaine de cas au total. Les graines ont été achetées par le centre de loisirs de Bègles au magasin Jardiland de Villenave-d'Ornon. Ce distributeur s’est lui-même fourni auprès d’un fabricant britannique, Thompson & Morgan, situé dans le Suffolk. La France a suspendu les achats de graines de fenugrec, de moutarde et de roquette provenant de cette firme. L’agence de sécurité sanitaire britannique recommande de son côté aux consommateurs de consommer les pousses germées cuites, et non crues, afin de tuer de potentielles bactéries.

Les responsables de Thompson & Morgan défendent de leur côté la qualité de leurs graines, faisant valoir qu’aucun cas d’infection à E. coli n’a été signalé en Grande-Bretagne. L’enquête devra tenter de déterminer à quel moment de la chaîne les graines et les pousses ont été contaminées : avant germination ou pendant la germination à Bègles, via de l’eau ou via une personne contaminée ?

Quoi qu’il en soit, ces cas d'infections à E. coli signalés en Aquitaine n'ont rien à voir avec l’épisode impliquant des
steaks hachés dans le nord de la France.


Source Cécile Dumas Sciences et Avenir.fr 27/06/11

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