Gonococcies : une souche bactérienne multirésistante isolée

Samedi 23 Juillet 2011

Gonococcies : une souche bactérienne multirésistante isolée

 Mauvaise nouvelle sur le front des maladies infectieuses, en particulier des maladies sexuellement transmissibles : une équipe internationale a isolé une souche de gonocoque résistante à tous les antibiotiques.

C’est au Japon qu'une souche résistante de gonocoque – Neisseria gonorrhoeae H041- a été isolée pour la première fois.  Cette bactérie est responsable d’une gonococcie, appelée blennorragie ou gonorrhée. Comme d’autres MST, elle est en recrudescence en France.

Les travaux menés par le Pr Magnus Unemo, du centre national de référence pour les Neisseria en Suède, ont révélé qu’elle résistait à tous les antibiotiques de la famille des céphalosporines, la dernière classe encore efficace pour traiter les gonococcies en monothérapie. Les chercheurs ont identifié les gènes responsables de ces résistances. Ils présentent leurs résultats cette semaine lors de la 19ème conférence de la Société internationale pour la recherche sur les MST (ISSTDR), qui se déroule à Québec.

D’autres familles d’antibiotiques, comme les pénicillines ou les fluoroquinolones, ne sont plus prescrites en cas de blennorragie faute d’efficacité. Même parmi les céphalosporines, les résistances apparaissent. Selon une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire le 30 juin 2001, la proportion de souches de gonocoques pour lesquelles le traitement par la ceftriaxone est moins efficace a augmenté de 8,7% entre 2007 et 2009. Pour la cefixime, une autre céphalosporine, la progression de ces souches moins sensibles à l’antibiotique est de 8% entre 2008 et 2009.

L’apparition d’une souche de gonocoque multirésistante n’est pas surprenante, la course aux armements entre bactéries et antibiotiques commençant peu après leur rencontre. Cette découverte rappelle que le recours aux antibiotiques doit être limité pour éviter de favoriser l’émergence de ces résistances bactériennes. En effet, plus il y a d’antibiotiques plus les mécanismes de sélection jouent en faveur des souches résistantes (Lire
Antibiotiques, une consommation sous pression).

Il est encore trop tôt pour savoir si cette souche va se disséminer dans le monde. Quoi qu’il en soit, la multiplication des bactéries multirésistantes rend de plus en plus urgente la mise au point de nouvelles molécules antibiotiques.

L’infection à Neisseria gonorrhoeae passe souvent inaperçue, surtout chez les femmes, mais elle n’est pas sans conséquence pour autant. Comme les autres IST, elle favorise l’infection par le virus du sida (en facilitant à la fois la transmission et la réception du VIH). Chez les femmes, l’infection non traitée peut entraîner des stérilités ou des grossesses extra-utérines. Chez l’homme la gonococcie se traduit par une inflammation de l'urètre et de douloureuses brûlures urinaires (ce qui lui valait autrefois le surnom de ‘chaude-pisse’). Faute de traitement, des complications peuvent apparaître.

En France, les infections sexuellement transmissibles comme la syphilis, les gonococcies ou les infections à chlamydia, sont globalement en hausse, à cause d’un usage insuffisant du préservatif. Pour les gonococcies, la hausse est constante depuis 2004, avec une recrudescence de 52% du nombre de gonocoques isolés dans les laboratoires d’analyse entre 2008 et 2009 (hommes et femmes confondus), d’après le BEH.


Source Cécile Dumas - Sciences et Avenir.fr - 12/07/11

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