Prévention du sida : circoncision et traitements confirment leur efficacité

Samedi 13 Aout 2011

Prévention du sida : circoncision et traitements confirment leur efficacité
 
Les derniers résultats présentés à Rome lors de la 6ème conférence scientifique internationale sur le sida confirment l’intérêt de la circoncision et de l’utilisation préventive des antirétroviraux pour réduire les risques d’infection par le virus du sida. Leur application est encore débattue.

Circoncision : résultats positifs en Afrique du Sud
L’essai mené par Bertran Auvert (Inserm/UVSQ, France) et Dirk Taljaard dans le bidonville d’Orange Farm, en Afrique du Sud, montre que la circoncision masculine réduit le nombre de nouveaux cas d’infections par le VIH dans une large communauté. 110.000 adultes ont été suivis pendant 3 ans pour cette étude. La circoncision (pratiquée par des médecins) était proposée gratuitement aux hommes. 20.000 se sont faits circoncire, faisant passer la proportion de 16 à 50% pour les 15-49 ans (jusqu’à 59% chez es15-24 ans). Sachant que tous disposaient des mêmes informations sur la prévention et la prophylaxie, les comportements sexuels étaient les mêmes pour l’ensemble des hommes, relèvent les chercheurs. Cependant le nombre de nouveaux cas est 76% plus faible chez les circoncis, et la prévalence (le nombre total de cas) est 55% plus faible que chez les non-circoncis.

Auvert et ses collègues avaient publié pour la première fois en 2005 leurs premiers résultats sur les effets de la circoncision pour prévenir l’infection par le VIH. D’autres essais concluants ont été menés en Afrique, au Kenya et en Ouganda. Ces études montrent globalement que le risque d’infection est réduit de 60% pour les hommes circoncis. «Nous devrions bientôt détecter une réduction de l’infection des femmes» ajoute le Pr Dirk Taljaard (Progressus, Af. du Sud), cité par l’Agence nationale de recherches sur le sida (ANRS, France).

La protection des femmes en question
Ces résultats sur les femmes sont importants. Faire baisser la prévalence du VIH chez les hommes doit permettre de réduire le nombre d’infections chez leurs partenaires féminins. Cependant, il n’est pas démontré que la circoncision protège les femmes si l’homme est séropositif. Au cours de l’essai mené à Rakai, en Ouganda, les chercheurs ont constaté que la circoncision des hommes infectés par le VIH ne réduisait pas la transmission à leur partenaire. Ces résultats ont publiés en 2009 dans The Lancet après deux ans de suivi de plus de 900 couples (lire aussi : La circoncision ne protège pas forcément les femmes du VIH).

L’Organisation mondiale de la santé recommande depuis 2007 l’utilisation de la circoncision pour lutter contre le VIH, aux côtés des moyens déjà existants, en particulier en Afrique sub-saharienne.
 
Les antirétroviraux en prévention
Une autre méthode de lutte contre l’infection et de la transmission du VIH fait son chemin : la prise préventive de médicaments antirétroviraux.

Deux essais présentés à Rome montrent que la prise quotidienne d’un antirétroviral en prévention réduit le risque de transmission chez des couples hétérosexuels : réduction du risque de 63% pour l’étude menée au Bostwana sur des personnes non-infectées au début de l’étude ; de 73% pour l’étude PrEP menée en Ouganda et au Kenya sur des couples dont l’un est séropositif. Dans les deux cas c’est la combinaison de ténofovir et d’emtricitabine (Truvada) qui a été prescrite.

Ces résultats s’ajoutent à ceux de l’étude iPrEx menée sur 2.500 homosexuels, qui montrait une réduction du risque d’infection de 44, ainsi qu’à ceux de l’étude CAPRISA sur l’efficacité d’un gel microbicide pour les femmes contenant un antirétroviral. Le risque de transmission du VIH était réduit de 39% avec le gel.

Cependant, au début 2011, une autre étude (FEM-PrEP) menée sur des femmes non-infectées avait échoué : la prise de Truvada n’avait pas permis de réduire le nombre d’infections. Cela pourrait s’expliquer par un moins bon suivi du traitement.

La prise régulière et suivi de l’antirétroviral semble en effet être une condition importante de l’efficacité de cette méthode de prévention. Les études montrent que le risque baisse davantage pour ceux qui suivent rigoureusement le traitement. C’est l’un des freins à la généralisation de cette méthode. Il y en a d’autres, médicaux, éthiques ou financiers.
Se pose la question des effets secondaires à long terme de ces médicaments. Mais aussi de la priorité pour financer l’achat des antirétroviraux, sachant que 9 millions de malades n’ont toujours pas accès aux traitements et que les trithérapies permettent de faire baisser la charge virale et donc de réduire le risque de transmission.



Source : Cécile Dumas - Sciences et Avenir.fr  - 22/07/11

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