Cancer Colorectal

Samedi 7 Juillet 2012

Des interrupteurs du cancer colorectal

Des petits " interrupteurs " régulant la progression des tumeurs colorectales ont été identifiés. Cette néoplasie touche chaque année 50.000 personnes en Italie. Il s'agit de microARN, des petites molécules de matériel génétique, qui " éteignent " les gènes de notre corps et régulent les fonctions de base de la vie cellulaire.

Les chercheurs et les médecins de l'Institut National des tumeurs et de l'IFOM (Institut FIRC - Fondation Italienne pour la Recherche sur le Cancer- d'Oncologie Moléculaire) de Milan, coordonnés par Manuela Gariboldi, ont pour la première fois identifié 23 microARN spécifiques. Ces molécules, toujours présentes en quantités différentes dans les tissus tumoraux par rapport à des tissus sains, sont impliquées dans la croissance de la tumeur : si elles sont isolées dans l'organisme, elles pourraient devenir un instrument efficace pour effectuer des diagnostics précoces. Mais aussi, elles pourraient devenir la cible de nouveaux traitements cherchant à diminuer ou augmenter leurs quantités, et de ce fait " allumer " ou " éteindre " les gènes qu'elles contrôlent.

L'étude a été publiée dans le numéro du mois d'avril de la revue scientifique internationale Molecular Cancer Research, et a été sélectionnée pour la section de la revue " Highlights : Selected articles from This Issue ", qui met en avant les études scientifiques les plus importantes du moment.

Les microARN sont de petites séquences d'ARN régulant l'activité de nos gènes et de ce fait les fonctions de la cellule, telles que sa croissance, sa prolifération et sa mort. Les fonctions des cellules cancéreuses sont également régulées par ces molécules. Cependant, étant donné que les différents types de microARN présents dans l'organisme sont extrêmement nombreux et peuvent réguler de nombreux gènes (et souvent cette régulation dépend du tissu dans lequel ils se sont exprimés), il est très complexe d'établir quelles sont les séquences d'ARN qui régulent, en partie ou totalement, les différentes activités de la cellule.

Pour établir cette corrélation entre microARN et tumeurs colorectales, les chercheurs de l'Institut National des Tumeurs et de l'IFOM, ont analysé toutes ces molécules de microARN présentes dans les échantillons de tissu tumoral. Les chercheurs, en collaboration avec l'Unité de chirurgie colorectale dirigée par Ermanno Leo, ont analysé l'expression de microARN dans les échantillons tumoraux de 40 patients. Ces derniers ont été uniformément choisis en fonction de leurs différents stades d'évolution dans la maladie. Il a été découvert que 23 microARN avaient des valeurs différentes dans la tumeur, et que certains étaient plus nombreux et d'autres étaient moins fréquents, par rapport à ceux observés dans un tissu sain. Ces 23 microARN régulent 121 gènes impliqués dans la prolifération et la croissance de la cellule et donc de la tumeur.

Manuela Gariboldi, coordinatrice de l'étude et chercheuse au Département d'oncologie expérimentale et de médecine moléculaire de l'Institut National des tumeurs et de l'unité de Génétique moléculaire du cancer de l'IFOM, explique que " une meilleure connaissance du phénomène et de ces micro-ARN, pourra être utilisée pour mettre au point un kit de diagnostic précoce des cancers colorectaux. Pour l'instant, notre observation a été effectuée sur des échantillons de tissus de tumeur, toutefois il est possible d'envisager un test facile d'emploi qui puisse mesurer la présence de ces microARN dans le sang des patients. En fait, la présence de microARN a aussi été observée dans les tumeurs du sein et dans le plasma des patients ". De plus, les chercheurs ont notamment étudié l'interaction entre une des ces molécules, le microARN-1 et le gène MET, depuis longtemps connu pour son rôle dans la croissance de la tumeur et sa régulation du développement des métastases. Les chercheurs ont ensuite vérifié qu'en augmentant les quantités de microARN-1, il était possible d'"éteindre" le gène MET.

Marco Pierotti, directeur scientifique de l'Institut National des tumeurs et coordinateur de l'étude souligne que " si nous réussissons à élaborer des médicaments moléculaires ayant pour but d'agir sur le microARN-1, nous aurons un nouveau moyen de traitement et une nouvelle stratégie pour combattre les tumeurs : modifier le microARN-1 pour éteindre le gène MET entraine un arrêt ou même une régression de la tumeur et des métastases - Il est important de souligner qu'il s'agit d'une étude de base et non encore d'un traitement. Il faudra des années pour aller du laboratoire au patient ".

Le carcinome du colon est une tumeur en augmentation au sein de la population italienne, avec presque 50.000 cas détectés en 2011. Il s'agit de la tumeur la plus répandue chez les femmes (13% des nouveaux diagnostiques) après le cancer du sein, et de la troisième forme de tumeur la plus courante chez les hommes (14%) après le cancer de la prostate et du poumon. La propagation des facteurs de risque, un diagnostic précoce et l'augmentation de l'âge moyen de la population sont à la base de la croissance progressive du nombre de cas détectés de ce type de tumeurs lors de ces dernières années, et de sa progression durant ces prochaines années pour lesquelles il en est prévu une augmentation de 12% entre 2012 et 2020.

En 2011, il est estimé que 20.000 décès en Italie sont dus à un carcinome du colon (dont 55% chez les hommes). Cette tumeur représente la seconde cause de mortalité due à des tumeurs pour 11% des hommes et 12% des femmes. Le carcinome du colon présente un pronostic plutôt favorable : 58% des patients atteints dans les premières années de l'an 2000 sont toujours en vie 5 ans après le diagnostic, et ce chiffre a tendance à augmenter. 

Source: www.pharmastar.it

S
ource : La Gazette du Laboratoire

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